Et si le bonheur...
Je ne sais pas si je vous avais déjà narré cette histoire qui m'est arrivée voilà quelques années mais bon, après une discussion entre filles hier soir, le sujet m'est revenu en tête. Quand je faisais mes courtes études à Lyon, j'ai passé une année très mauvaise. Le genre d'années qu'on ne veut plus jamais connaître.
En dépression pour des raisons x ou y, je ne mangeais plus, je ne dormais qu'après m'être bercée de larmes, je ne me levais que pour accomplir les gestes quotidiens, sans réfléchir, sans but, n'éloignant la pensée du suicide que pour une seule raison, ma famille...
Bref, une sale année.
La pire.
J'étais tellement en mal être que je le portais sur moi. Le teint gris, les cernes noires qui me tombaient jusqu'au menton, mes vêtements de deuil sales sur le dos, le regard vide, la larme facile...
Puis un jour, j'étais dans le métro. Je regardais mon reflet dans la vitre, sans autre horizon que le tunnel noir dans lequel j'étais.
Une mama noire est alors entrée et s'est assise en face de moi. Le genre de mama corpulente avec une jupe barriolée, une ceinture faite d'un ruban doré un peu effiloché sans doute accroché là par un de ses enfants ou petits-enfants et que la mama remettait en place avec des gestes d'un amour maternel exquis, une montagne de sacs autour d'elle.
Elle m'a longuement observée puis a plongé une main dans un de ses sacs pour en retirer des litchis. Elle m'a prise la main d'autorité et m'a fourré quelques fruits dedans.
Nous avons mangé ces fruits blancs, l'une en fasse de l'autre, sans rien dire. La dame m'a juste tapoté le genou et m'a dit : "C'est bon, hein ?"
En ce moment merveilleux, sa simple phrase et attitude avaient quelque chose de plus profond que n'importe quel mot ne peut l'exprimer.
Elle ne me connaissait pas, elle ne savait rien de ma vie mais c'est comme si elle savait tout. Lui expliquer aurait été futile, pas à sa place. Elle comprenait. Je ne sais le dire autrement ni avec plus de force.
Puis elle est partie et je suis restée seule avec mes quelques coquilles roses et noyaux dans la main.
Cependant, la magie du moment n'a pas disparue avec l'apparition.
Je suis arrivée chez moi, sans sourire ni pleurer. Je venais de toucher du doigt quelque chose de tellement grand que mon corps ne pouvait l'exprimer si ce n'est par rayonner de l'intérieur.
Le lendemain, j'avais encore un peu le cafard mais juste par habitude. Avec les jours, ça s'est estompé pour laisser place à quelque chose de plus grand, de plus beau. Une sensation d'être de retour à ma place.
Je ne sais pas si cette dame sait à quel point le bonheur qu'elle m'a apporté ce jour là. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue non plus. Mas où qu'elle soit, mes pensées l'accompagnent. Tous les jours.
Alors merci, madame. Merci d'avoir donné un sens à ma vie. Merci d'avoir été là, d'avoir su, d'avoir compris... D'avoir été tout. Et surtout, merci d'exister.
Si jamais quelqu'un, là-dedans, dans ce vaste fouillis infini qu'est l'internet, si vous la connaissez cette dame, aimez la. Choyez la. Elle a sauvé une vie et elle ne le sait même pas.
En réalité, le bonheur, c'est tellement simple qu'il n'y a pas de mots assez fort, assez beau, assez simple, assez élevé pour expliquer cette sensation.
Et si le bonheur, c'était juste quelques litchis dans une rame de métro glauque ?
En dépression pour des raisons x ou y, je ne mangeais plus, je ne dormais qu'après m'être bercée de larmes, je ne me levais que pour accomplir les gestes quotidiens, sans réfléchir, sans but, n'éloignant la pensée du suicide que pour une seule raison, ma famille...
Bref, une sale année.
La pire.
J'étais tellement en mal être que je le portais sur moi. Le teint gris, les cernes noires qui me tombaient jusqu'au menton, mes vêtements de deuil sales sur le dos, le regard vide, la larme facile...
Puis un jour, j'étais dans le métro. Je regardais mon reflet dans la vitre, sans autre horizon que le tunnel noir dans lequel j'étais.
Une mama noire est alors entrée et s'est assise en face de moi. Le genre de mama corpulente avec une jupe barriolée, une ceinture faite d'un ruban doré un peu effiloché sans doute accroché là par un de ses enfants ou petits-enfants et que la mama remettait en place avec des gestes d'un amour maternel exquis, une montagne de sacs autour d'elle.
Elle m'a longuement observée puis a plongé une main dans un de ses sacs pour en retirer des litchis. Elle m'a prise la main d'autorité et m'a fourré quelques fruits dedans.
Nous avons mangé ces fruits blancs, l'une en fasse de l'autre, sans rien dire. La dame m'a juste tapoté le genou et m'a dit : "C'est bon, hein ?"
En ce moment merveilleux, sa simple phrase et attitude avaient quelque chose de plus profond que n'importe quel mot ne peut l'exprimer.
Elle ne me connaissait pas, elle ne savait rien de ma vie mais c'est comme si elle savait tout. Lui expliquer aurait été futile, pas à sa place. Elle comprenait. Je ne sais le dire autrement ni avec plus de force.
Puis elle est partie et je suis restée seule avec mes quelques coquilles roses et noyaux dans la main.
Cependant, la magie du moment n'a pas disparue avec l'apparition.
Je suis arrivée chez moi, sans sourire ni pleurer. Je venais de toucher du doigt quelque chose de tellement grand que mon corps ne pouvait l'exprimer si ce n'est par rayonner de l'intérieur.
Le lendemain, j'avais encore un peu le cafard mais juste par habitude. Avec les jours, ça s'est estompé pour laisser place à quelque chose de plus grand, de plus beau. Une sensation d'être de retour à ma place.
Je ne sais pas si cette dame sait à quel point le bonheur qu'elle m'a apporté ce jour là. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue non plus. Mas où qu'elle soit, mes pensées l'accompagnent. Tous les jours.
Alors merci, madame. Merci d'avoir donné un sens à ma vie. Merci d'avoir été là, d'avoir su, d'avoir compris... D'avoir été tout. Et surtout, merci d'exister.
Si jamais quelqu'un, là-dedans, dans ce vaste fouillis infini qu'est l'internet, si vous la connaissez cette dame, aimez la. Choyez la. Elle a sauvé une vie et elle ne le sait même pas.
En réalité, le bonheur, c'est tellement simple qu'il n'y a pas de mots assez fort, assez beau, assez simple, assez élevé pour expliquer cette sensation.
Et si le bonheur, c'était juste quelques litchis dans une rame de métro glauque ?