Compte rendu du weekend Gabriel
Alors, voilà, pour ceux qui n'ont pas suivi, petit récap : ma mère et mon beau-père ont adopté un petit garçon, Gabriel, né Athanas, tzigane bulgare de son état. Le petit bonhomme (4ans) est arrivé il y a trois semaines et ce weekend, je le rencontrais enfin...
Donc, la suite...
Vendredi, j'ai fait mon sac et j'ai pris le train pour rentrer en Savoie. Je ne peux pas dire "le coeur plein d'appréhension" car en réalité, tellement plongée dans ma DS, je n'y ai pas pensé. Les rares fois où je l'ai fait, mon ventre s'est empli de noeuds donc du coup, il valait mieux occulter... Puis la DS n'a plus eu de piles donc, merci Asuka, j'ai fait un peu de broderie, ce qui m'a permis de relativiser.
Arrivée en gare, mes parents n'étaient pas là... Ca commence bien, je me suis dit ! J'ai entamé la route à pied à la rencontre de la voiture familliale. Mes parents étaient coincés derrière un gros tracteur, donc je leur ai pardonné. Pour cette fois ;)
Dans la voiture, enfin !, rencontre avec le petit frère. Assis l'un à côté de l'autre, nous avons passé dix minutes à nous observer dans un silence religieux. Mes parents n'en revenaient pas que leur fille, si volubile d'habitude, soit aussi muette.
C'est un petit garçon aux yeux noisettes et aux cheveux noir de jais. Des bonnes joues à bisous, une petit bouche bien sérieuse et un regard profond...
Puis, arrivée à la maison. Sieur Gabriel a repéré que mon sac possédait des roues ! Impossible qu'il me le rende. C'est tellement plus rigolo de faire le tour de la maison avec... Finalement, le jeune homme passe devant moi pour rentrer à la maison et là, (c'est le drame !) je me suis fait eue ! Ma mère me précise qu'il faut que Gabriel mette ses pantoufles pour rentrer dans la maison. Ni une, ni deux, je m'agenouille, assois mon petit frère sur mes genoux et lui change ses chaussures. Gabriel s'est laissé faire sans un mot. Dans la maison, ma mère me dit : "Tu aurais pu le laisser faire, il est très fier de savoir mettre ses chaussures tout seul..." Très fier ? Tu parles, de tout le weekend, j'ai été de "corvée" chaussures ! Gabriel a vite repéré que j'étais gentille comme tout donc dès qu'il fallait mettre ses chaussures, il réclamait sa grande soeur à corps et à cris dans toute la maisonnée. Evidement, j'accourais, me mettais à genoux et servais ce sacré coquin.
Ca a été un peu la bataille entre ses petits cousins (qui vivent à 50m de là) et lui pour acquérir mes faveurs. Les cousins, eux, ont l'habitude que je m'occupe d'eux alors là, de partager, c'était un peu compliqué... Mais au final, on s'en est pas trop mal tiré.
Donc au dîner, mes petits cousins étaient conviés. Je vous racontes pas le bazar ! Trois petites voix qui voulaient toutes raconter à la grande fille en visite leurs derniers exploits. Dont une voix en bulgare...
Le dîner fini, les petits cousins rentrés à la maison, c'était l'heure du brossage de dents et de mise en pyjama. Gabriel n'était que trop heureux d'avoir une audience pour faire son clown... Il a été convenu que le lendemain, je laisserais Maman se débrouiller seule avec le coquin car au lieu du quart d'heure nécessaire, nous sommes restés plus d'une demie heure dans la salle de bain, à regarder Gabriel échaper aux mains de Maman et danser tout nu. C'est d'ailleurs là où j'ai eu le premier constat de ce qu'a été la vie de Gabriel avant nous... Et le constat fait mal au coeur. Gabriel ne fait que 15 kilos... Et en vérité, il est d'une maigreur terrifiante. Quand on le prends dans les bras, on a l'impression de tenir un petit oiseau : il n'y a aucune consistance, on pourrait le briser si facilement...
Finalement, nous sommes arrivés à épingler le minot dans son lit, avec pyjama, et son nouveau doudou dans les mains. Le petit agneau que je lui ai offert l'a ravi instantanément. D'ailleurs, auparavant, il avait une poupée en laine un peu rêche. Celle-ci a été rangée très rapidement dans la table de chevet avec toute une histoire en bulgare (dommage que je n'ai pas réussi à filmer la scène) puis un "Ciao" significatif avant de fermer la porte.
Quand le silence s'est fait dans la maison, j'ai cru que j'avais perdu toute ouïe tant le bruit avant a été tonitruant. Qu'est ce que ça peut faire comme bruit, un gamin !
Le lendemain, réveil à... 5H30 !!!!!!!!!!!!! Avec moult cris, je vous prie ! J'ai essayé d'expliquer à Gabriel que c'était un peu tôt pour un Samedi mais il n'a rien voulu savoir... Dans la matinée, nous avons fait de la peinture ensemble alors que Maman préparait le déjeuner mais au bout d'un moment, le petit bonhomme en a eu assez et a fondu en larme... Ce gros chagrin a duré plus d'une heure. Et là, c'est déchirant. On ressent toute la peine de ce petit garçon quand il se rend compte que sa vie aurait toujours dû être comme ce matin tranquille et que toute sa détresse sort ainsi. On ne peut rien faire que de le tenir dans ses bras, de le bercer et de lui chuchoter des mots apaisants, de lui faire savoir qu'on est là et qu'on ne l'abandonnera pas. En vérité, heureusement que Maman a pris le relais parce que moi aussi, j'étais prête à pleurer... Mes parents m'ont dit que ça lui arrive parfois et qu'il n'y a rien à faire que d'attendre que ça passe, d'être juste présent. Mais ça fait très mal !!!!!
Plus tard, nous avons passé l'aspirateur ensemble... Ou du moins, Gabriel a consenti magnanimement à me laisser tenir le tube quelques secondes.... Rendez vous compte ! Une machine qui fait du bruit, qui roule et qui aspire les trucs ! En rangeant la machine, je faisais l'andouille avec le fil et fais semblant d'attacher Gabriel dedans... quelle erreur j'ai faite là ! Le pauvre garçon s'est tétanisé de terreur et n'a même pas pu crier tant il était terrorrisé ! Evidement, je l'ai délivré instantanément et c'est seulement après qu'on m'a expliqué que ce petit bout de chou avait dû être ligoté plus d'une fois... Je ne peux pas vous expliquer la rage dans laquelle ça m'a mise... Mais enfin, je vous épargne les détails sordides de sa pauvre expérience d'avant nous, il y aurait trop à dire et ça me met dans tous mes états... Pas étonnant que le pauvre petit coeur a besoin de réconfort !
Enfin bon, pour couper court dans une longue histoire, Gabriel est un petit garçon très intelligent et plein de vie... Nous avons très bien accroché. Mais ne vous leurrez pas, cet enfant n'est pas non plus un ange, loin de là. Il peut être aussi capable du pire comme nous insulter et nous moquer en bulgare, ricaner lorsque nous nous faisons mal ou bafouillons, et être des plus odieux lorsque nous devenons trop gentil avec lui... C'est compliqué de ne pas pouvoir expliquer à un enfant les conséquences de ses actes et difficile d'être toujours le garde chiourme alors qu'on rêve de plus de tranquilité... Gabriel est particuliérement capricieux et agit en vrai petit caïd. Il a eu droit à deux fessées de ma part, et je peux vous assurer que ce n'était pas de gaieté de coeur ! (Je vous rassure, je ne bats pas les enfants... Une tape sur les fesses ou sur les mains, c'est tout ce dont je suis capable. Et si vous croyez que ce n'est pas nécessaire, que vous êtes adeptes d'expliquer et tout le toutim, je vous met au défi de garder Gabriel quelques jours... Je le revendique : je suis adepte des fessées, en ayant reçu beaucoup plus jeune, ça ne m'a jamais tuée ni bleuie les fesses et je suis même plutôt fière de l'éducation que mes parents m'ont donnée ! ) Ceci dit, Gabriel a piqué une crise de colére lors de ses fessées mais je peux vous garantir qu'il a pas eu mal....
Et je ne crois pas que cela lui ait modifié son affection pour moi car quand je suis partie, il a pleuré plutôt deux fois qu'une. Ma mère m'a même racontée que dès qu'il est arrivé à la maison, il a trucidé les doudous offerts pour montrer son désaccord avec mon absence. Rassurez vous, les doudous ont survécu... Mon amour-propre aussi...
Voilà, voilà... J'ai hâte de revoir mon petit frère et j'ai plein de nouvelles histoires à lui écrire, ça c'est sûr ! Le mois de Novembre va être particuliérement créatif, je le sens bien ! Surtout si je veux offrir à mon "petit coeur" les premières histoires à Noël !